Identité camerounaise : une fierté à proclamer On ne discute pas son époque, on la vit !C’est assez souvent qu’à la moindre interrogation sur les dérives morales et sociétales de notre monde actuel, l’on s’entend répondre par cette sentence qui se voudrait contraignante, impérieuse et sans recours.Et c’est justement son caractère absolutiste qui donne matière à réfléchir. Car il nous semble humainement salutaire et intellectuellement salubre, de savoir qui de l’homme ou de l’époque détermine l’autre, dans le temps, l’espace, le contenu et le sens.
Ainsi posée, la question semble renvoyer à la sempiternelle querelle portant sur la conception du monde et les origines de la vie. Pourtant, pas besoin d’avoir fait de longues études de philosophie ou de métaphysique, pas besoin de s’être fait de vieux os pour parvenir à la conclusion qu’à travers l’immuable temporalité, c’est l’homme qui marque son époque, en y exerçant l’étendue de son imperium, à travers ses choix de vie. A priorid’apparence inatteignableet insondable, voici donc l’époque redevenue envisageable, structurable, perfectible et même reproductible.Heureusement d’ailleurs !
Les hommes, précisément nous les camerounais, pouvons ainsi revenir à cette époque d’heureuse mémoire au cours de laquelle, l’on pouvait se vanter de compter des amis dans toutes les tribus du Cameroun. Cette époque même pas si lointaine, au cours de laquelle parler le plus grand nombre de nos multiples langues nationales, s’être délectédes délicieuses spécialités culinaires des plus éloignées de nos contrées, et avoir parcouru la totalité de nos régions étaient des motifs de légitime fierté. Proclamer ses origines ne déchainait pas les foudres de l’ostracisme, ne déclenchait pas une avalanche de quolibets. Proclamer ses origines aiguisait la curiosité, suscitait la sympathie, invitait à la communion.
Les enfants que nous n’avonspas cessé d’être, chérissent encore le souvenir des agréables moments passés chez le voisin venu d’ailleurs. Nousavions le sentiment de faire partie intégrante de sa maisonnée, parce que bénéficiant de la même affection que celle qu’il accordait à sa propre progéniture. Notre désir de curiosité ne s’assouvissait alors que dans le partage de l’intimité sociologique de l’autre. Le mélange ainsi obtenu faisait office de régulateur d’éventuels malentendus, tout en garantissant la sécurité de l