Cameroun - SHANDA TONME/MPDR : "Le temps des plaintes sectaires et des mémorandums villageois est révolu"

Mesdames et Messieurs, Chers Amis des médias de toute nature Très chers compatriotes,

Je vous souhaite la bienvenue, et vous prie surtout de vous sentir chez vous, chez le MPDR, dans la convivialité de notre parti, et avec un amour sincère, comme nous savons le montrer pour notre pays. Cet amour est articulé autour du respect constant de nos institutions, de même qu’une indéfectible révérence, envers tous ceux qui les incarnent à un niveau ou à un autre, ici et à l’étranger.

Mais avant d’aborder nos échanges, je voudrais prendre votre permission, afin que nous observions une minute de silence, à la mémoire de certains compatriotes, qui nous ont quitté depuis notre dernière rencontre. Je veux citer nommément le Professeur Laurent Zang, un des piliers de plus de trois décennies de rayonnement de la prestigieuse institution de formation de nos diplomates qu’est l’institut des relations internationales du Cameroun (IRIC), d’une part, et d’autre part le célèbre architecte et urbaniste de renom Théophile Yimgaing Moyo, ancien président de l’ordre des architectes du Cameroun, membre fondateur de l’Université des Montagnes.

Je demande aussi la minute de silence, pour la mémoire de nos braves soldats tombés sur différents fronts, et enfin pour la mémoire de toutes les victimes civiles innocentes, résultat des errements de certains de nos compatriotes convertis au terrorisme et à la violence aveugle.

Je vous demande spécialement, d’accepter, que nous nous associons à l’émotion des frères d’armes, de la famille et des chefs hiérarchiques, du jeune gendarme assassiné barbarement à Buéa, après la provocation d’une citoyenne qui a entraîné la mort accidentelle de notre petite fille, notre fille, notre petite sœur, notre fleur remplie de jeunesse et d’innocence. C’est en effet dans deux jours, sur la base aérienne 101, ici même à Yaoundé, que ce jeune gendarme mort sur le champ d’honneur pour la patrie, sera honoré publiquement avant d’être conduit à sa dernière demeure, au village qui a vu naître ses parents et grands-parents.

Chers Amis et chers compatriotes,

Plus que jamais, nous devons nous souder les coudes, pour travailler pour le dialogue, le pardon, la tolérance et la réconciliation. Plus que jamais, nous devons nous opposer à la résurgence des sectarismes radicalisant qui divisent.

Une des raisons de ma volonté de vous rencontrer aujourd’hui, tient profondément au constat de la résurgence, portée par quelques personnes, d’une mentalité régionaliste, claniste, villageoise et marginale, sous le prétexte du partage du pouvoir, de la quémande du pouvoir, de la dispute du pouvoir ou de l’accaparement et la conservation du pouvoir.

Vous avez sans doute suivi comme moi, des annonces venant de certaines voix, qui ont prétendu ou prétendent, parler au nom de tel ou tel tribu, de tel ou tel région. Il n’y a pas pire trahison en ce moment précis, que ce genre de dérives. Je préfère les mettre sur le compte de la mauvaise conscience de leurs auteurs. Notre pays est à construire et non à détruire, martelait le président Paul Biya il y ‘a longtemps. Il ne faut pas se départir de cette option, il ne faut pas s’éloigner de ce projet. Nous n’avons pas réellement le choix de faire autrement ou d’agir autrement. Les élites doivent s’en prendre à elles-mêmes, si elles sont traquées au village, parce qu’elles n’ont rien réalisé, au lieu de s’en prendre au Cameroun, au Gouvernement, au Chef de l’Etat, au lieu de commencer à fomenter des complots et des colportages.

Hier, je me suis entretenu longuement avec un membre du gouvernement qui est un ami de longue date, et il n’a pas arrêté de me dire ceci : « cher ami, je ne sais pas si les gens qui tiennent des propos de fracture et de division là dehors, pensent un seul instant comment la postérité nous jugera. Quel Cameroun allons-nous laisser derrière nous, étant donné que nous sommes tous de passage » ? La veille, j’avais longuement échangé avec des motos taxis et des sauveteurs à la très populaire avenue Kennedy à Yaoundé, et leur refrain était : « vous les grands en haut avec les longs crayons, vous allez seulement nous tuer tous. Nous voulons la paix, pas la haine, pas la guerre et pas la famine ». Un mois avant, c’était une grande mère dans mon village à Bangou, qui était venue spécialement me demander, « si on va à l’école seulement pour apprendre à détester son semblable ».

Que les élites de tous les statuts, assument donc leurs responsabilités, au lieu de se livrer à des spéculations inutiles, incendiaires et déstabilisantes sur la transition et l’alternance au sommet de l’Etat. Que vous soyez du nord, du sud, de l’Ouest, de l’Est, du Nord-Ouest ou du Sud-Ouest, l’histoire vous jugera et nous jugera tous exactement de la même manière. J’ai entendu ainsi un fils du grand nord, agiter la flamme de la rancœur, promettre des soulèvements, parler de préparation pour ci et pour cela. Le plus grave c’est que l’exercice a été monté avec la complaisance de médias apparemment bien organisés, pour planter ce décor de provocation comme une lame, qu’on enfonce ouvertement dans une chair. Nous sommes ainsi versés, ouvertement, dans le lit de l’extrême tolérance qui finit par cultiver et faire prospérer le discours et des projets d’intolérance. Quand on laisse faire, quand on supporte, quand on regarde sans bouger ni interpeler ceux qui s’amusent ainsi avec le feu, avec le destin d’une nation, avec la vie de millions d’âmes, ils se croient tout permis et s’offrent le champ libre pour le délire.

Nous devons tous nous sentir solidaires et tous responsables, autant du bilan depuis l’indépendance, que des projections futures de notre destin. C’est ensemble que nous pouvons corriger, et c’est ensemble que nous pouvons et pourrons avancer. Le temps des plaintes sectaires et des mémorandums villageois est révolu. Ces tares ne cadrent plus de toute façon, avec les urgences et les exigences d’un monde moderne, pluriel, multipolaire et digitalisé à outrance. Et puis, ce n’est pas à une grande région qui a offert au pays, son premier président, son tout premier premier Ministre de l’ère eu renouveau, son plus long régnant président l’assemblée nationale, et quelques-uns de ses meilleurs et influents membres du gouvernement, de produire des promesses de désordre ou d’agiter le mouchoir rouge de l’impatience et de l’insatisfaction. Le grand nord n’a rien à envier à d’autres régions.

Je sais, par expérience, l’attachement des filles et des fils de cette partie de notre pays, aux valeurs de l’amitié, de la loyauté, de l’ordre, du patriotisme, de la solidarité et de la rectitude. Je le sais d’autant plus, que je dois beaucoup aux fils de là-bas. Je leur dois une reconnaissance éternelle, pour le rôle et l’apport dont ils ont été dans mon parcours. Je le sais et peut témoigner, sur le sérieux, la qualité et l’humilité des très grands cadres qu’ils sont, autant sur le terrain académique que sur le terrain professionnel. Vous comprendrez donc que le discours et les dérives dont il est question, ne sauraient leur être imputés collectivement, en tant que groupe humain et composante de notre nation. C’est plutôt à un ou à quelques esprits très marginaux.

La même attention critique et regrettable, peut être tournée vers d’autres régions, même si c’est fait avec élégance, sagesse, tact, opportunisme et pragmatisme. Il faut que ceux qui veulent réveiller des vieux démons, mettent plus de soins et de la manière dans leur entreprise, et usent de toute façon de messages plus respectueux et moins belliqueux.

Dans le cas de cette élite du Grand nord, je me serais quand même attendu, que d’autres élites du septentrion, s’insurgent publiquement contre cette sortie inacceptable, ou émettent au moins des réserves audibles, voire un rappel à l’ordre ferme. En tout cas, si pareille dérive se produisait de la part d’une élite de l’Ouest, je ne me tairai pas et je ne le raterai pas, en plus de ce que je ferai le tour de quelques cercles d’influences cruciaux, pour mettre de l’ordre. Je ne conteste pas que le fameux « village électoral » du regretté professeur Roger Gabriel Nlep soit une réalité, mais la République est une réalité autrement plus forte, qui transcende tous les sectarismes et tous les replis identitaires. Je l’ai dit et je le répète à haute et intelligible voix : « Le temps des villages, c’est terminé ».

Le MPDR a toujours été clair à ce propos. Nous pouvons nous concerter sur tout, débattre convivialement de la gouvernance et du destin de notre pays et de notre nation, mais toujours et strictement dans le cadre de nos institutions. Il faut le faire dans le respect de l’obligation de préservation de notre intégrité territoriale, de garanti de notre unité, et de protection de nos intérêts nationaux.

Le MPDR exprime publiquement sa conviction selon laquelle, pas plus qu’hier, qu’aujourd’hui, demain ou après-demain, le destin du pouvoir au sommet de l’Etat dans notre pays, n’a dépendu et ne dépendra de vulgaires et maffieux marchandages ethniques, régionalistes ou sectaires. Ceux qui troublent leur sommeil et fleurissent leurs rêves de cette sulfureuse assertion, devraient revenir à la raison divine. Aucune menace, chantage, allusion, flatterie ou tentation, ne saurait contrarier cette vérité.

Chers amis, très chers compatriotes,

Un adage dit qu’on ne doit pas mettre le feu dans la maison sous le toit duquel on se trouve, la maison familiale, en espérant que sa chambre sera épargnée, que l’on se sauvera peut-être avant l’embrasement général, ou que l’on trouvera refuge chez le voisin. Entende qui veut.

Je n’ai nullement besoin de revenir sur le drame qui s’est noué il y a deux semaines à Buéa, mais je veux quand même répondre à ce leader d’opinion et chef politique, qui au lieu de prêcher l’apaisement, a plutôt trouvé le moyen de verser le kérosène sur le feu, en disant ceci : « Dieu rend fous ceux qu’il veut perdre ». Je ne sais pas s’il s’adressait au Chef de l’Etat, au Ministre de la défense, ou alors au jeune gendarme victime de la folie de cette dame qui a forcé un barrage de sécurité. Dans tous les cas, je lui rétorque que « Dieu rend violents, méchants, haineux, rancuniers, aveugles et étourdis, les leaders politiques qu’il veut perdre et qu’il veut tourner en dérision ». Voilà ce qui cadre mieux avec la réalité de ces traîtres sur la scène politique de notre pays aujourd’hui. 

Je saisis cette occasion, pour rappeler que le MPDR avait déjà alerté le Chef de l’Etat, d’une proposition de révision de l’article 3 de la constitution, laquelle stipule, je cite, que